Publication originale : Décembre 2021
Clarisse Ginet est à la tête de Texplained. La société est spécialisée dans l’extraction de données d’une puce électronique. La cheffe d’entreprise se livre sur son rôle et sur les missions de Texplained.
Quel est votre rôle au sein de Texplained ?
Je dirige l’entreprise. Nous sommes deux associés et nous avons quatre salariés au sein de l’entreprise. Je m’occupe de la gestion de l’entreprise au sens large et mon associé est en charge de la partie technique. Donc mon rôle est de m’occuper de la stratégie, des ressources humaines, de la comptabilité, du fiscal, de la finance, de l’administratif… ce qui en fait un rôle très diversifié.
De manière assez brève, quel est le cœur de métier de Texplained ?
Texplained est une société spécialisée dans la rétro conception et l’extraction de données d’une puce électronique.
Vous couvrez presque l’entièreté du processus de cyber sécurité en ce qui concerne les puces électroniques, ce qui n’est pas commun. Est-ce une volonté de ne pas se spécialiser sur une approche du cyber ?
Au niveau de notre métier, ce que nous faisons est ultra spécialisé et très rare. Il existe très peu d’entreprises dans le monde qui font ce que nous proposons. Il se trouve qu’avec nos outils et nos compétences, il nous est possible d’avoir de nombreuses applications et exploitations envisageables pour des besoins et des clients complètement différents.
Quels sont vos clients ?
Lorsque l’on parle d’extraction de données, cette technologie peut intéresser les polices scientifiques du monde entier qui ont besoin des preuves contenues dans les téléphones les plus protégés du marché. Nos services peuvent également intéresser un industriel qui vend des produits ayant besoin d’évolution pour son logiciel. Cela peut également être un gouvernement qui souhaite vérifier s’il n’existe pas de failles dans la puce qu’il vient de commander. Nous travaillons également avec les fabricants de puces qui souhaitent tester leur produit pour connaître la fiabilité de leur sécurité. Dans l’absolu, la majorité de nos services sont vendus à l’export.
De fait, il existe de nombreuses applications différentes en raison de la spécificité de notre métier.
Est-ce que ces différentes applications de vos produits sont relativement simples à modifier et à interchanger ?
Non. Il faut vraiment considérer que nous faisons de la recherche. Cela implique que pour chaque projet, il faut mettre de nouvelles recettes en place pour obtenir ce que nous souhaitons. Notre ambition est de faire avancer la recherche et ainsi faire évoluer l’état de l’art dans le domaine.
C’est une jeune société puisqu’elle a été créée en 2013, comment se faire une place ?
Il faut une compétence ultra-pointue. Les clients nous contactent depuis le monde entier puisque nous sommes assez visible du fait du caractère rare de nos services. C’est une technologie extrêmement difficile à mettre en œuvre et peu de personnes se risquent à essayer.
Quelles sont vos ambitions sur le long terme ?
Nous souhaitons poursuivre notre développement et cela passe par une remise à niveau de notre laboratoire. Dans un second temps, nous souhaitons acquérir de nouvelles machines pour perfectionner notre extraction de données. Enfin, nous travaillons sur notre logiciel qui va nous permettre d’automatiser encore plus les tâches.
Aujourd’hui, lorsque nous analysons une puce, nos ingénieurs travaillent sur cette puce pour extraire les données que nous recherchons. Notre ambition est de développer une intelligence artificielle qui soit capable d’agir presque en pleine autonomie.
La rareté d’offres sur le marché de l’extraction de données dans une puce n’est-elle pas due à une menace et un besoin faible ?
Je pense que le domaine est sous-estimé. Nous sommes moins bien armés que les personnes et entités malveillantes, car ils ont des moyens bien supérieurs aux nôtres. Nous ne savons pas tout et il faut bien comprendre que certains acteurs, comme des États, ont tout intérêt à ne pas surexposer cette technologie. Cacher une donnée dans une puce n’est pas suffisant. Nous travaillons sur la base d’une boîte noire qui nous permet de retracer toutes les actions effectuées sur la puce, nous sommes quasiment les seuls « white hat » à avoir ces compétences et capacités d’accès aux données les plus enfouies dans les puces électroniques.
Est-ce un risque pour une personne « lambda » ?
Absolument, car nous parlons de données. À l’heure du RGPD et autres, la donnée est capitale et très sensible. Lorsque l’on parle d’une puce, cela couvre tout le spectre, que ce soit les données personnelles, industrielles ou au niveau de l’État.
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