Interview de Michaël Sibilleau, directeur général du GPIS-GIE

Publication originale : Janvier 2022

Le GPIS-GiE est un groupement qui œuvre pour la sécurité de 150 000 logements à Paris. Directeur général de cette unité de surveillance, Michaël Sibilleau se livre sur le rôle de ses 180 salariés et sur cette mission « parapublique ».

Quelle est la mission du GPIS ?

Le Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance (GIE-GPIS) est un groupement d’intérêt économique créé en 2004 par cinq bailleurs parisiens. Ils sont désormais onze à faire partie du projet. Notre objectif est d’assurer la sécurité et la surveillance du parc social dont sont propriétaires les bailleurs sociaux.

Pour réaliser nos missions, nous employons des agents de sécurité privés sous statut du CNAPS. Au fil des années, nos agents ont obtenu un statut que l’on pourrait qualifier de « parapublic ». En 2012, ils ont d’abord été armés. Puis, la Cour d’appel de Paris leur a reconnu un statut d’agent chargé d’une mission de statut de service public. Par la suite, nous avons obtenu dans le cadre de la Loi sécurité globale leur assermentation, qui sera rendue effective en 2022 après la signature d’un décret. Nous sommes donc devenus une structure parapublique puisque nos agents ont des attributions spécifiques même s’il s’agit de sécurité privée. En outre, la majorité de nos fonds proviennent de fonds publics.

Combien d’agents avez-vous sur le terrain ?

Le GPIS compte aujourd’hui 180 salariés en incluant l’équipe administrative. Chaque soir, entre 16 h et 5 h, nous envoyons une vingtaine de patrouilles dans Paris, ce qui représente environ 60 agents par vacation et c’est évidemment une mission que nous effectuons 7/7j. 

Vous venez d’obtenir de nouveaux droits, quels changements concrets sur le terrain ?

Nous avons demandé l’obtention de nouveaux droits au travers de l’assermentation au regard de notre expérience sur le terrain. Après 18 années dans le parc social, nos agents ne pouvaient pas relever de contraventions et c’était assez problématique dès lors qu’ils étaient témoins d’actes illicites, mais ne pouvaient pas y mettre un terme. Évidemment, nous faisons beaucoup, mais nous souhaitions faire valoir l’autorité des bailleurs en relevant des contraventions, ce qui sera donc possible avec l’assermentation de nos agents en 2022.

Quel est votre rapport avec les forces de l’ordre ?

Cela fonctionne bien. Nous avons des opérations coordonnées avec les forces de l’ordre, tous les soirs. L’avantage pour les forces de police est d’avoir une unité qui connaît le parc social. L’avantage pour nous est d’avoir des officiers et des agents de police judiciaire capables de réaliser des contrôles. Nous avons par ailleurs commencé à faire des opérations avec la police municipale parisienne. Nous sommes satisfaits de ces partenariats.

Comment sont formés vos agents ?

Nos agents viennent de tous les horizons. Cela signifie qu’ils viennent à la fois de la sécurité privée, de la police, de la gendarmerie ou encore des forces armées. Ils ont la formation dite « classique » d’un agent de sécurité privé, mais nous avons également souhaité compléter ce bagage avec des formations professionnelles de techniques d’intervention. Nous sommes très volontaristes sur ce plan. Nous sommes également très sélectifs puisque nous recrutons un agent pour dix candidatures environ.

Pensez-vous qu’une initiative comme la vôtre est vouée à se généraliser dans le futur ?

Sur un modèle similaire à celui du GPIS, vous avez l’équivalent à Toulouse avec le GITeS. C’est la seule structure équivalente que vous trouverez en France, mais il semble que d’autres villes sont en réflexion.

Nous étions récemment au forum européen de la sécurité urbaine à Nice et nous avons vu à quel point ce modèle unique en Europe intéresse. Nous occupons un champ de sécurité interstitiel qui n’est pas couvert par ailleurs. 

Quel est l’avenir du GPIS ?

Nous avons de nombreux objectifs en 2022, puisqu’aujourd’hui nous œuvrons pour la sécurité de 150 000 logements dans Paris du 10e au 20e arrondissement. À compter de 2022, nous envisageons de travailler en dehors. Pour se faire, nous envisageons de créer une direction territoriale à Saint-Denis pour couvrir d’autres logements sociaux et donc par la même occasion, travailler avec d’autres bailleurs.

Parallèlement à ce développement, nous mettons en place une politique d’investissement très ambitieuse de 3,5 M€. L’objectif est notamment de moderniser notre système d’information. Le système couvrira les besoins allant de la main courante informatisée à la géolocalisation 3D, en passant par la restitution d’activité. Nous allons également rendre notre parc automobile hybride, moderniser notre poste de commandement opérationnel et améliorer les équipements de nos agents engagés sur le terrain.

Toutes ces évolutions sont rendues possibles après une année 2021 « de mutation », en raison de sujets sociaux internes. Nous allons à présent pouvoir nous engager dans une évolution stratégique. C’est une bonne chose pour les bailleurs et les locataires du parc social, car nous allons ainsi pouvoir sécuriser encore plus de logements.

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